Je tombe sur un échange que j'ai eu en 2017 avec un confrère auteur d'un billet sarcastique dans un blog à propos de Babbler. Cette nouvelle société, Babbler, a pour présentation :
"Babbler simplifie les process RP grâce à une plateforme tout en 1."
Entendez par là que d'un côté de la plateforme se trouvent des journalistes, de l'autre côté des communiqués de presse. Les entreprises soucieuses de faire passer une information par le truchement des journalistes déposent un communiqué sur la plateforme. Les journalistes soucieux d'apprendre quelque chose pour en faire un article vont sur la plateforme et choisissent dans la liste des communiqués. En théorie. C'est présenté comme plus performant, plus efficace, plus simple : pourquoi ? Parce que la "relation" avec la "presse" est escamotée, elle qui nécessitait (avant notre ère moderne) de parler avec des journalistes, de les rencontrer, de tisser des liens de confiance avec eux... processus atrocement consommateur de temps et d'énergie !
Le blogueur contradicteur disait à Babbler :
"... tu nourris cette fable qui laisse à penser que tout peut s’automatiser et se gérer par des plateformes, même les métiers de relation (tu sais dans RP il y a écrit relation et même dans e-RP et même en anglais). Et nourrissant cette fable, tu laisses à penser à plein de chefs d’entreprises ou de créateurs que faire des RP c’est comme prendre des mots clés chez Google ou faire une pub… et ça devient franchement insupportable… On avait déjà les sites de diffusion de Communiqués de Presse qui faisaient passer des vessies pour des lanternes en vendant une diffusion aléatoire à 50 ou 150 euros selon les cas et qui du coup entretenaient l’idée qu’un communicant est inutile, toi tu en rajoutes en laissant penser que sans ta plateforme, le RP moderne ne vaut rien…"
J'avais mis ce commentaire :
J’aime bien le ton et le fond de ce billet et j’en approuve le message global. Mais, à la vérité, je ne sais pas si mon intervention ici a une quelconque crédibilité : quand l’auteur écrit » je suis vieux et nativement trop con pour comprendre le monde dans lequel je vis et je travaille… », sachez qu’après avoir visité sa bio j’ai pris conscience que je suis encore plus vieux que lui, retraité-actif, même, genre inoxydable, accroc au boulot. Rendez-vous compte, alors que la presse est en pâmoison depuis le 7 mai au sujet de l’âge du président Macron (il n’a que 39 ans, énoncent-ils, les yeux brillants), moi au même âge je n’étais dans les RP que depuis deux ans et, savez-vous, j’envoyais mes communiqués (tapés à la machine) sous enveloppe par La Poste après avoir recopié les adresses des destinataires à partir de fiches bristol. Ce procédé éloignait toute idée de spam. Il me permettait d’ajouter parfois sur le communiqué une phrase manuscrite personnelle à l’intention du journaliste : « Jean-Paul, ce qui est dit au 3e § devrait vraiment t’intéresser, il y a là l’idée d’une couv, j’ai des visuels… reparlons-en si tu veux bien à notre prochain déjeuner (toujours OK Chez La Grosse Maria jeudi 12 mars ?). » C’était des relations avec la presse, et sans se presser. J’écrase une larme et je ferme le paragraphe.
Je laisse hors de critique la forme du billet ci-dessus, persuadé que son auteur y a volontairement adopté un ton badin et débraillé, ma foi de bon aloi…. je parle comme un vieux dites donc, avec des mots caducs ! Ainsi j’aurais dit « Numériser les RP » plutôt que « Digitaliser ». Mais fi du pinaillage. Des coups de gueule comme celui-là, il en faudrait d’autres, encore et encore, pour faire bouger les choses et en fin de compte, pouvoir, pour les seniors, faire à nouveau des RP agréables et gagnantes-gagnantes, et, pour les petits jeunes, découvrir le monde merveilleux des Relations Presse. Il faudrait pour cela, aussi, que nos amis journalistes apprennent à décoller les doigts de leur clavier, les yeux de leur moniteur… et l’arrière-train de leur fauteuil pour aller échanger avec nous Chez La Grosse Maria une heure ou deux de temps en temps. Et se fassent à l’idée que si leur téléphone sonne avec nous au bout du fil, ce n’est pas toujours pour les enquiquiner en leur demandant s’ils ont bien reçu notre communiqué (qui est est l’un des deux-cents douze entrés dans leur boîte email dans la journée d’hier).
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